Le développement de la cyclo-logistique répond à un double enjeu, à la fois économique et environnemental. Dévoilé au printemps 2021, un plan d’action gouvernemental doit favoriser le développement des hubs logistiques et les solutions numériques associées. Explications.
L’e-commerce croît d’un tiers par an et l’ensemble des flux logistiques des entreprises vers les consommateurs représentent désormais 20% des flux de marchandises en zone urbaine, avec une croissance annuelle d’environ 8% à 10%. La densification de la logistique urbaine et la multiplication des flux place la cyclo-logistique au cœur d’enjeux économiques et écologiques pour les entreprises. Le plan pour la cyclo-logistique dévoilé par le ministère de la Transition Écologique dévoilé au printemps 2021 vise d’ailleurs à accompagner les mutations de nombreux secteurs d’activité. Dans Paris intra muros, par exemple, le transport de marchandises représente environ 20% du trafic automobile, mais près de 45% des particules fines émises par le trafic routier. Il est donc nécessaire d’accélérer le développement de moyens de transport écologique. C’est précisément ce que permet la cyclo-logistique !
Quels sont les enjeux de la cyclo-logistique en France ?
Déjà en plein boom au cours des années passées, la logistique urbaine s’est considérablement développée sous l’effet de la crise sanitaire. Sous l’effet de cette évolution des usages, mais également au regard de l’indispensable prise en compte des enjeux climatiques, le plan national pour la cyclo-logistique prévoit donc de continuer à favoriser la livraison de marchandises à vélo.
Douze millions d’euros seront ainsi consacrés à la cyclo-mobilité professionnelle auprès des micro-entrepreneurs ou des candidats à la création de micro-entreprises. Le programme V-Logistique, créé dès le printemps 2020, facilite notamment l’octroi de vélos à assistance électrique pour les professionnels de la livraison.
Le guide indispensable pour mettre en place une stratégie RSE
De son côté, le dispositif public ColisActiv, financé grâce aux Certificats d’Économie d’Énergie, permet de verser aux opérateurs de cyclo-logistique et de livraison verte une prime pouvant aller jusqu’à 2,0€ par colis livrés pour les 500 000 premières livraisons la première année, puis jusqu’à 1,5€ jusqu’à 1,5 million de colis la deuxième années et 0,6€ à partir de 3 millions de colis la troisième année.
Les achats de vélos-cargos seront également éligibles à la prime à la conversion, comme cela était prévu dans le projet de loi Climat et Résilience. Les mesures de soutien pour l’achat de vélos à assistance électrique seront pérennisées et étendues. En revanche, aucune mesure de soutien chiffrée n’a été communiquée pour le moment. Dans le même temps, le programme CEE Ma cyclo-entreprise favorisera la création de micro-entreprises en lien avec l’économie sociale et solidaire, tout en promouvant l’emploi éthique et local.
Plus largement, l’objectif est d’optimiser la logistique du dernier kilomètre. D’après Les Echos, le chiffre d’affaires global de la livraison du dernier kilomètre croît de 10 % chaque année. Il atteindra 2,6 milliards d’euros en France en 2025, contre 1,1 milliards d’euros en 2016. L’enjeu est de livrer chaque produit plus rapidement tout en optimisant la structure de coûts de l’expéditeur. La cyclo-logistique permettrait aussi de limiter l’impact environnemental de la livraison du dernier kilomètre.
La question du statut des coursiers est également soulevée avec l’essor de ce marché. En novembre 2018, la Cour de Cassation a tranché un litige opposant la société de livraison Take it easy et l’un de ses livreurs. Elle a reconnu qu’un lien de subordination et un pouvoir de sanction existent entre l’employeur et son prestataire “micro-entrepreneur”. Dans les faits, les grandes plateformes de livraison utilisant les services de micro-entrepreneurs n’ont pas requalifié leurs prestataires en tant que salariés. La faible rentabilité de ces plateformes rend, pour l’instant, leur embauche au statut de salarié impossible. Les grandes plateformes avancent l’argument de la survie de leur business model, et de la pérennité de l’ensemble des emplois.
Cyclo-logistique : où en est la France par rapport à ses voisins européens ?
Si la France se montre très dynamique en matière de cyclo-logistique, c’est également le cas de ses voisins européens, notamment le Danemark, l’Allemagne et les Pays-Bas. A Amsterdam, où la petite reine porte bien son nom puisque le vélo y est roi, des hubs de proximité sont implantés à différents points stratégiques de la ville pour permettre aux entreprises de livraisons de parcourir des quartiers entiers en vélo cargo. L’Allemagne développe de son côté des micro hub mobiles (des remorques faisant office de mini-entrepôts). L’Angleterre, l’Italie, la Belgique, bien qu’elles accusent un certain retard, commencent elles-aussi à développer des infrastructures urbaines propices au développement de la cyclo-logistique.
Un plan national pour favoriser la cyclo-logistique dans le secteur public et privé !
En France, le plan national pour le développement de la cycloligistique prévoit de son côté la mise en place de clauses « cyclo-logistiques » spécifiques dans les marchés publics. Le développement des pistes cyclables, des livraisons et la création de hubs de cyclo-logistique doivent être menés en accord avec les collectivités locales.
Étroitement liés à la livraison du dernier kilomètre en général et à la cyclo-logistique en particulier, les services numériques sont au cœur de ce plan. Plusieurs investissements seront réalisés pour créer des applications dédiées et promouvoir l’usage de l’opendata dans le cadre des activités cyclo-logistiques.
Des appels à projet seront ainsi menés pour créer des applications spécifiques. L’aménagement urbain n’est pas non plus oublié, puisque le plan prévoit de favoriser les itinéraires mieux adaptés aux cyclistes, tant en termes de praticité que de dangerosité.
A noter qu’il est prévu que l’Ademe subventionne la première édition de l’observatoire de la cyclo mobilité professionnelle. Les résultats de l’enquête seront connus prochainement.
Le guide indispensable pour mettre en place une stratégie RSE
Le développement de la cyclo-logistique est donc un enjeu à la fois économique et écologique de premier plan en France, pour accompagner l’essor de nombreux secteurs d’activité. Elle devrait créer de nombreux emplois et contribuer à d’importantes mutations économiques, déjà à l’œuvre.