Il existe de nombreuses nouvelles technologies au service de l’optimisation logistique. Certaines sont issues de la recherche militaire et d’autres de la recherche appliquée ou encore de l’expérience d’un secteur professionnel en pleine effervescence, tel celui de la logistique.
Dans un premier temps, il nous semble important de revoir ensemble la définition de cette digitalisation, ainsi que ses origines. Ainsi, nous pourrons étudier le lien fort qui existe entre la digitalisation et l’information, mais aussi les caractéristiques de décentralisation de la digitalisation à venir, ainsi que son avenir.
Ce n’est qu’alors que nous saurons juger des limites de cette digitalisation en ouvrant un regard critique sur l’expérience déjà écoulée entre optimisation logistique et digitalisation, ainsi que sur ce qui peut être espéré ou non d’une telle technologie.
Les origines et la définition de la digitalisation
La digitalisation en logistique correspond à la numérisation des flux de données permettant l’optimisation et parfois l’automatisation des tâches liées aux flux physiques. Pour illustrer cela, nous pouvons prendre l’exemple du publipostage qui incarne la digitalisation des flux d’informations (adresses postales multiples et en-têtes de courrier conçus à partir d’un fichier informatique) et automatise ainsi la tâche physique (impression des courriers avec chaque en-tête différent sans aucune action humaine).
Comment optimiser votre stratégie logistique ?
On imagine aisément les champs d’application possibles pour les divers aspects d’une Supply Chain :
- solutions de traçabilité pour l’optimisation logistique ;
- optimisation des tournées de livraison en fonction des caractéristiques marchandises et véhicules ;
- lancement d’un ordonnancement de production optimisé selon les contraintes temporelles de l’outil de production ;
- etc.
La digitalisation est arrivée avec la démocratisation de l’informatique au sein des entreprises (années 80). L’arrivée d’Internet (fin des années 90) n’a fait que renforcer cette digitalisation, qui reste croissante à ce jour.
L’information au service de la digitalisation
La force de la digitalisation est de permettre le cumul de masses d’informations pour réussir à dégager une solution optimale qui n’aurait peut-être pas pu être déduite sur la seule considération d’une personne. Par exemple, l’organisation de tournées de transport qui dépendent :
- de la quantité des marchandises et de leur ordre de chargement ainsi que de leur nature (tous les chargements ne sont parfois pas compatibles pour des raisons de sécurité) ;
- la charge utile des véhicules qui détermine le volume maximal transportable ;
- l’emploi du temps du chauffeur qui doit respecter le Code du travail et la RSE ;
- les impératifs des clients en ce qui concerne les délais de livraison ainsi que leurs heures d’ouverture, etc. ;
- la prise en compte des délais de déchargement qui peuvent s’allonger de manière imprévue ;
- etc.
C’est donc un ensemble de systèmes d’information au service de l’optimisation logistique qui vont permettre de collecter toutes les informations nécessaires. Les logiciels spécialisés en logistique de transport vont pouvoir déterminer la meilleure optimisation réalisable au regard des contraintes énoncées. Cela revient à utiliser l’intelligence artificielle pour l’optimisation logistique, mais un opérateur humain reste à la manœuvre. Il doit donc intervenir sur les seules données non résolues par le logiciel ce qui permet d’optimiser grandement le nombre de tournées attribuées à un seul opérateur là où avant il en fallait plusieurs.
La décentralisation de la digitalisation
La digitalisation permet donc la prise en compte de grandes quantités d’informations. Une quantité quasi infinie tant les performances des logiciels croissent. Mais la digitalisation permet de voir plus loin encore.
La décentralisation des données
Les technologies de décentralisation des données révolutionnent actuellement les méthodes d’échanges de données. Par exemple, les apports de la blockchain pour l’optimisation logistique font partie de cette révolution, car la blockchain est un principe de décentralisation des données visant à augmenter la sécurité et la fiabilité des échanges d’informations.
Ainsi, des systèmes d’échange de données décentralisées peuvent être envisagés entre des acteurs d’une même Supply Chain (assurances, contractualisation des obligations, arbitrage des objectifs par un tiers, etc.) en toute sécurité et en permettant une évolution permanente des réponses apportées aux contraintes et menaces nouvelles d’un marché.
Les données inépuisables
La digitalisation peut assimiler des données de manière quasi infinie (d’autant plus grâce à leur décentralisation). Que ce soit pour un business plan, une vision stratégique de marché, un planning de production, etc., les sources d’informations peuvent être plurielles et nombreuses :
- agendas des festivités pour un fournisseur en événementiel ;
- utilisation des Big Data pour l’optimisation logistique d’un fournisseur de services quelconques ;
- orientation d’un planning de production estival en fonction des prévisions météo pour les fournisseurs de boissons ;
- etc.
Les sources sont nombreuses et inépuisables. Chaque acteur d’une Supply Chain ou chaque entreprise peut entreprendre sa nécessaire collecte d’informations sous des formes diverses et fournies. Toutefois, le respect de la liberté individuelle et le droit à la sécurité des données personnelles (via le RGPD) doivent être respectés.
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Les applications à venir de la digitalisation dans l’optimisation logistique
La digitalisation au sein d’une entreprise ou d’une chaîne logistique est désormais une réalité quotidienne et tout à fait intégrée :
- impression des codes barres ;
- technologies RFID ou stockage intelligent ;
- dématérialisation des bons de livraison par signature électronique ;
- etc.
L’intégration de la digitalisation au sein des processus logistiques et des flux d’informations se veut une pratique désormais quotidienne. Mais l’avenir de telles technologies promet des avancées et des progrès dans l’optimisation logistique :
- prise en compte des données fournies par les objets connectés pour permettre l’optimisation logistique ;
- rationalisation géographique par géopositionnement d’un client final (avec son accord) pour la mise en distribution d’un produit ;
- mise à jour de données personnelles (avec accord de la personne) pour l’ensemble des prestations prévues (par exemple, lorsqu’une personne est malade, alors tous les services de livraison privés qui lui sont destinés peuvent être interrompus pour optimiser sa convalescence et optimiser la qualité des livraisons) ;
- etc.
La digitalisation a donc un bel avenir devant elle et les progrès de demain se conçoivent dès aujourd’hui. Nombre d’applications (logistiques ou non) ont été créées avant le besoin ou leur utilisation. C’est au travers de leur existence que s’est exprimé un nouveau besoin et que ce besoin a pu évoluer, influençant ainsi de nouveaux modes de vie et de consommation s’inscrivant ensuite comme une habitude.
Les limites de la digitalisation
Les flux d’informations sont une inépuisable source de renseignements qui permettent d’incrémenter des modèles logistiques afin de les optimiser. Les sources d’informations sont multipliées, les données sont possiblement affinées au détail près et la concrétisation de ces flux d’informations lors de la production ou de la distribution des flux physiques est optimisée.
Mais il ne faut pas tomber dans l’écueil de la perfection, car penser que la digitalisation optimise tout et gère tout est une erreur qui peut avoir des répercussions préjudiciables en termes de :
- gestion des coûts ;
- d’image commerciale ou sociétale ;
- gestion de la production ou du stockage ;
- d’environnement ;
- etc.
Il ne faut pas oublier que la pertinence des données traitées dépend uniquement de la rigueur apportée à l’incrémentation des données à la source.
Par exemple, si un planning de distribution a été créé à une époque où l’entreprise possédait des véhicules 26 tonnes et que, depuis, elle a investi dans des véhicules 44 tonnes sans nouvelle incrémentation du logiciel, alors les véhicules partiront toujours en tournée partiellement vides et un manque à gagner sera à constater sans même rationaliser les investissements réalisés.
Par ailleurs, une veille permanente et humaine sur la cohérence des informations exploitées est une nécessité. Il faut toujours que le pilotage des données soit rationalisé à une échelle humaine pour que les erreurs (inévitables au-delà d’un certain seuil) ne viennent pas parasiter les pratiques de l’appareil de production et donc impacter négativement la rentabilité d’une entreprise ou d’une Supply Chain.
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