Que ce soient les enjeux environnementaux des transporteurs ou ceux des processus des logisticiens de la Supply Chain, le secteur du transport et de la logistique doit se réinventer en permanence afin de répondre aux exigences environnementales. Les notions de développement durable et de transition écologique ont peu à peu bouleversé les habitudes de travail mises en place depuis l’avènement de l’ère industrielle. Désormais, en France comme ailleurs, l’intégration de nouveaux modes de pensée au sein des entreprises a permis de considérer l’environnement comme une variable impactant la stratégie à adopter.
Le rejet des émissions de gaz à effet de serre (GES) en est un bon exemple. Une gestion quantifiable et optimisable a pu alors se mettre en place. L’ensemble de la Supply Chain s’est donc performé afin d’intégrer ces nouvelles contraintes et les solutions liées.
Découvrons ensemble comment les nouvelles pratiques ont permis l’optimisation de l’empreinte carbone des entreprises de transport et de logistique.
Les gaz à effet de serre et l’empreinte carbone
Rappelons dans un premier temps ce que sont les gaz à effet de serre (GES) ainsi que leur lien avec les activités de transport et de logistique au travers de l’empreinte carbone.
Définition des gaz à effet de serre
Sans rappeler ici une définition exhaustive et scientifique des gaz à effet de serre, notons que ces gaz possèdent la particularité de conserver une partie du rayonnement infrarouge solaire après que ce dernier a irradié la Terre. Plus simplement, ces gaz agissent comme des « filtres » emprisonnant (sous forme de chaleur) une partie de l’énergie qui devrait normalement retourner dans le vide spatial. Mathématiquement, plus il y’a de gaz, plus l’énergie est retenue et plus la chaleur de l’atmosphère augmente.
Lien avec l’empreinte carbone
La corrélation des gaz à effet de serre avec l’empreinte carbone provient du fait que la grande majorité des gaz concernés contiennent du carbone, qu’ils soient d’origine naturelle ou anthropique :
- le dioxyde de carbone (CO2) ;
- le méthane (Ch4) ;
- l’hydrofluocarbure (HFC) ;
- etc.
C’est le carbone contenu dans le gaz qui lui confère sa caractéristique de rétention du rayonnement infrarouge. Par conséquent, plus on produit des gaz carbonés, plus on contribue à l’effet de serre.
Le « poids carbone » du transport et de la logistique
Le secteur du transport et de la logistique possède un rôle majeur par rapport aux émissions de GES et de carbone lié.
L’impact carbone dans les transports
En France, le transport contribue à 31 % de l’ensemble des rejets nationaux de GES. Le transport routier de marchandises vient immédiatement à l’esprit lorsque l’on évoque les véhicules poids lourds (dont la consommation peut dépasser 30 litres aux 100 km). Mais tout mode de transport à énergie fossile crée du carbone par transformation du combustible (gaz, essence ou diesel) en énergie mécanique, chaleur et rejets de GES :
- transport de personnes (bus, cars, etc.) ;
- véhicules de transport maritime et fluvial (porte-container, péniches) ;
- avions-cargos dans le transport aérien ;
- etc.
Rappelons qu’un véhicule de transport routier de type poids lourd (déplaçant 38 à 44 tonnes de masse) peut consommer plus de 30 litres aux 100 km, mais qu’une voiture personnelle consomme en moyenne 6 litres aux 100 km pour transporter souvent un seul individu.
L’impact carbone dans la logistique
Le transport n’est qu’une constituante dans la chaîne logistique. D’autres activités définissent ensemble les dimensions d’une Supply Chain. Entrepôts de stockage et de préparation de marchandises, entreprises d’approvisionnement, filières de transport de matière première, entreprises de livraisons diverses, filière de logistique retour, etc., sont autant de générateurs de carbone et d’émissions de GES.
En effet, les véhicules de transport ne sont pas les seuls à générer des émissions de carbone et de GES :
- les véhicules de chargement et de stockage à moteur thermique ;
- certaines méthodes de production consomment énormément de gaz (montée en température des hauts fourneaux de la sidérurgie) ;
- réfrigérateurs autonomes (au diesel) des véhicules de transport et livraison frigorifique ;
- etc.
Au-delà de tout cela, il est important de considérer que même la chaîne des flux d’information est génératrice de gaz à effet de serre. En France, la majeure partie de l’électricité produite provient des centrales nucléaires qui n’émettent que très peu de gaz à effet de serre. Mais dans bien d’autres pays, les énergies électriques (indispensable aux flux d’information comme au matériel de manutention sur batteries, etc.) peuvent provenir d’une filière carbonée (l’Allemagne produit 33 % d’électricité issue de la combustion du charbon). Consommer cette électricité revient à alourdir son impact environnemental en termes de rejet de CO2.
L’intelligence de la filière logistique et ses réponses
Comme tout agent économique, la chaîne logistique sait intégrer les menaces et opportunités qui s’imposent continuellement au sein d’un marché donné. L’objectif de maîtrise des coûts au sein de chaque entreprise s’est vu peu à peu agrémenté d’autres valeurs au fur et à mesure de l’évolution des sociétés et des marchés (progrès des droits des travailleurs, avancées sociétales et technologiques, etc.). Dernièrement, ce sont les impératifs de transition énergétique et de protection de l’environnement qui ont dominé les nouveaux axes de performance des entreprises de la Supply Chain.
Au-delà des évolutions liées aux habitudes de travail, de consommation, etc., ce sont également des progrès technologiques qui ont pu apporter une réponse aux enjeux de maîtrise des rejets des GES. Des technologies vertes ont alors vu le jour :
- Les constructeurs de véhicules de transport routier ont investi dès 1992 dans la conception des moteurs afin de permettre d’abaisser le taux de carbone rejeté dans l’atmosphère (de Euro I à Euro VI).
- L’émergence de sources renouvelables d’électricité (éolien, solaire, etc.) permet de produire une énergie écologique pour la chaîne de flux d’information.
- La création d’hydrogène vert et son utilisation au sein des moteurs de véhicules sont garanties sans création de carbone.
- La captation des gaz liés à la décomposition de la biomasse (par des « digesteurs ») permet une source de gaz naturel vert qui peut servir également aux transports de marchandises ou de personnes. Par exemple, la ville de Lorient en Bretagne s’est équipée de bus roulant au biogaz naturel et investit par ailleurs dans des bus roulant à l’hydrogène vert.
- L’importance des technologies vertes englobe aussi les solutions innovantes en termes d’emballage recyclable, de filières de valorisation des déchets, etc. Des emballages intelligents permettent par exemple de contrôler l’état et la qualité du contenu pendant les phases de transport et de stockage afin d’optimiser les flux et minimiser les pertes.
Les progrès actés par la chaîne logistique sont incalculables et visent toutes les facettes de la filière. S’inscrivant autant sur une portée sociétale que sur une portée environnementale ou économique, cette tendance à l’intégration de la valeur écologique au sein des entreprises sera un atout majeur pour une croissance à long terme. Au-delà des seules obligations légales, les entreprises qui auront su intégrer les contraintes environnementales au plus tôt posséderont un avantage concurrentiel indéniable face aux enjeux présents et à venir.
Désormais, la compétitivité se décline au vert et les technologies liées doivent nécessairement composer les stratégies de toutes les entreprises soucieuses de leur image comme de leur prospérité.
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